La société française Ride Mercury veut se lancer dans le rétrofit haut de gamme de motos anciennes.
Grâce au rétrofit, les propriétaires de motos de la série R de BMW pourraient bientôt de nouveau rouler où et quand bon leur semble, et profiter du stationnement gratuit en centre-ville. Grâce au rétrofit… et à l’atelier parisien Mototherapy qui cherche à bosser sur un kit de transformation à travers sa future structure Ride Mercury. Explications.
Depuis le 3 avril 2020 et la publication du décret encadrant le rétrofit, il est possible de transformer un véhicule à motorisation thermique en motorisation électrique à batterie ou à pile à combustible. Il est « légalement » possible car en pratique, cela reste laborieux, voire impossible.
Pour rappel et pourtant, les motos et scooters concernés par ce texte sont – très – nombreux puisqu’il s’agit des modèles immatriculés en France depuis au minimum 3 ans (contre 5 ans pour les automobiles). Autre condition pour être transformé : ne pas dépasser les performances du moteur d’origine et limiter à 20 % maxi la prise de poids de l’engin. Cela paraît jouable ?
Le véritable point qui handicape cette vertueuse alternative à l’achat d’un deux-roues tout électrique et tout neuf, est la mention CE que doit impérativement porter le kit de rétrofit. Oui, il est parfaitement envisageable de convertir dans le fond de son garage sa bonne mais vieille R90S à l’électrique, mais cette dernière n’aura pas le droit de rouler sur route ouverte. Alors à quoi bon ?
Ce verrou pourrait toutefois sauter grâce à deux bonhommes motivés, fondateurs en 2019 de l’atelier Mototherapy à Bagnolet : Jean-Marie « Jim l’ingénieur » Raymon et Cédric « Deaz le designer » De Azevedo qui, « après 3 ans à faire germer le projet Ride Mercury, ouvre aujourd’hui son capital pour donner vie au premier prototype, renforcer le marketing autour la marque et engager le recrutement technique et commercial« .
Les deux associés sont de fervents partisans du rétrofit : « en comparaison avec l’empreinte de la production d’un véhicule électrique, recourir à une conversion est jusqu’à 50% moins polluant« , avancent-ils sur leur jolie plaquette commerciale numérique, évoquant aussi la prolifération des ZFE, la fin du stationnement gratuit et l’approche du contrôle technique…
« Aussi répandues soient les transformations de voitures et utilitaires, beaucoup reste à faire en matière de rétrofit de 2 roues motorisés« , constatent les responsables de la – future ? – société, partenaire de Noil, une autre « start-up » tout récemment montée par trois potes de lycée qui cherchent à développer des offres dans le 50 cc. Les deux entrepreneurs observent que, curieusement, « personne ne s’était jusqu’alors attelé à convertir des motos de caractère, de cylindrée plus importante« , alors même que selon eux, « avec des coûts de transformation atteignant allègrement 10 à 20k€, la clientèle de ces machines uniques représente une niche à fort potentiel« .
Des motos haut de gamme, un business juteux ?
À l’instar des préparations conventionnelles que proposent Jean-Marie et Cédric chez Mototherapy, « le projet Ride Mercury trouve son essence (son étincelle, NDLR ?!) dans son approche moderne et conservatrice. A la différence d’une automobile, le bloc moteur d’une moto fait partie intégrante de son identité. En conserver le trait et les proportions sur le design du module électrique est donc apparu essentiel« .
Fort logiquement, Ride Mercury prévoit de travailler en premier lieu sur « une base des plus populaires, la série R de BMW Motorrad et leur iconique moteur Boxer. Avec des batteries logées dans le carter et des connectiques accessibles depuis les cylindres à plat, ce nouveau bloc en aluminium a vocation à s’imposer comme la motorisation alternative de référence« .
Gare toutefois de ne pas aller trop vite sur le prototype avant les préséries ! « En ouvrant son capital, Ride Mercury prévoit lever 300 K€ d’ici mi-octobre pour engager la conception du prototype qui marquera le premier pas vers l’ouverture au marché« . Quinze jours avant l’échéance, la cagnotte est à moitié remplie.
Les deux associés espèrent déjà proposer des kits « Fabriqués en France » à partir de 12 000 euros (hors prime de l’état de 1100 euros et hors valeur de la moto d’origine) « à des clients directs et installateurs agréés » et compte générer un chiffre d’affaires de « 665 k€ dès 2023 avec pour objectif d’atteindre 10,2 M€ d’ici 2026 » et faire vivre 24 collaborateurs d’ici 5 ans.
Rétrofit moto selon Ride Mercury : https://youtu.be/DXEQs-g_v_g
Sources : Article du site Moto-Net.com septembre 2022 (Matthieu BRETILLE) – Photos ride-mercury.com
Ladislas n° 1555