Cette année là naquit en Alsace une grande histoire d’amitié entre des béhémistes.
En 1985, Les Dernières Nouvelles d’Alsace faisaient écho d’un rassemblement de 150 motards BMW, qui s’était déroulé du 16 au 19 mai sur le terrain de camping de Hinsbourg.
Echo repris par le n° 1 d’une nouvelle gazette appelée Trait-d’Union, qui, dans son 2ème numéro daté d’août 1985, publiait une liste de 48 noms ; les adhérents de la toute nouvelle Amicale Française des Motos BMW . L’enthousiasme de ces premiers amicalistes ne s’est pas complètement évaporé puisqu’ un quart de cet effectif, toujours présent, a résisté à l’usure du temps. En étant déclarée au tribunal d’Instance, selon la réglementation en vigueur dans les deux départements alsaciens et en Moselle, l’Amicale Française des Motos BMW devenait une association officielle, sous la présidence de Daniel G. Le rassemblement du week-end de l’Ascension en Alsace, au cours duquel devait se tenir l’assemblée générale, sera pendant plusieurs années l’événement majeur, auquel petit à petit s’ajouteront d’autres rassemblements. Il y eut, entre autres, une tentative de Tour de France. L’idée était que, au fur et à mesure des étapes, des adhérents organisent localement l’accueil des engagés.
Un tournant
En 1991, le grand rassemblement quitte l’Alsace pour l’Anjou où une assemblée générale extraordinaire est convoquée. Il en sort des nouveaux statuts, un nouveau bureau, un nouveau président et un transfert du siège en « France de l’intérieur». L’amicale devient alors une association Loi 1901. Son siège social étant au domicile de Laurent N., le nouveau président, elle fait l’objet d’une déclaration à la préfecture de la Gironde. Le souci majeur de ceux qui ont travaillé à l’établissement des nouveaux statuts, et de ceux qui ont suivi, a été de veiller à ce que le fonctionnement de l’amicale soit en tout point démocratique. Il faut ici saluer le travail de Laurent N., car, d’une part, les volontaires pour la présidence ne se bousculaient pas et, d’autre part, les formalités administratives pour la mutation furent laborieuses.
Rapidement des délégués régionaux sont apparus. L’enthousiasme que suscitait l’amicale s’exporta dans d’autres régions. Des sections régionales se sont créées. S’est alors posée la question juridique du rapport avec l’AFMBMW «nationale». En effet, à partir du moment où le nom de l’AFMBMW était utilisé, la renommée et la responsabilité de l’amicale pouvait être engagée. On ne voulait prendre le risque de devoir subir un jour les débordements d’un moto-club quelconque se réclamant de l’AFMBMW. Dans l’intérêt de tous, il a donc été demandé aux sections régionales une certaine conformité. Cela a pu, sur le moment, faire froncer des sourcils, mais une amicale moto n’est pas un club de bridge et assurer des responsabilités au sein d’une telle association n’est pas qu’une formule.
Ces sections sont devenues rapidement les chevilles ouvrières de l’amicale. On leur doit la bonne douzaine de rassemblements qui, pour notre plus grand bonheur, nous réunissent chaque année.
Les rassemblements
Il y en eut jusqu’ici à peu près 220, peut-être même plus, sans compter les balades à la journée, les invitations à Sarrebrücken et Weisel. Comment en parler ? En disant qu’ils nous ont permis de vivre des moments formidables, de rencontrer des gens qui sont devenus des amis, de découvrir des régions, des particularités locales. Voilà des phrases bien creuses pour exprimer toute la joie qu’ils nous ont apportée. Des souvenirs, nous en avons plein la tête : Les routes sinueuses et les soirées d’Alsace-Lorraine – L’Anjou-Vendée et son itinéraire troglodyte – La Bourgogne avec ses bals déguisés, sa piscine – La Bretagne, ses huîtres et ses chants de marins – La drôle de cathédrale que nous a fait visiter Coeur de France – Le défilé de mode en Franche-Comté – La visite du Pape en Guyenne-Gascogne – Le baptême de Lion Cigogne – La Normandie et ses plages du débarquement – Le Nord et son P’tit Quinquin – Les catacombes, le musée Grévin avec la Région Parisienne…
On pourrait en remplir des pages. Mais n’oublions pas que derrière tout cela, se cachaient un travail énorme (souvent sous estimé), des angoisses, des gens sur les genoux à la fin des rassemblements. S’il y eut, comme je le disais, des grands moments de bonheur pendant ces vingt ans passés ensemble, il y en eut aussi de douloureux. En lisant ces lignes, chacun d’entre nous aura au fond de son coeur, une pensée pour ceux qui nous ont quittés .
Le Trait d’Union
Le T.U. a toujours eu une place importante dans la vie de l’amicale, en raison notamment de la dispersion géographique des adhérents. Il fut, jusqu’à début 1991, l’oeuvre du président d’alors. En 1991 Philippe M. prit la relève pour la maquette et Laurent N. se chargea de faire imprimer et d’expédier le T.U.. Puis ce fut le duo Philippe M. – Pierre R. qui s’occupa de tout. Avec Charly D. l’informatique avait déjà fait son apparition pour la gestion du listing des adhérents et la réalisation des étiquettes, il assura cette mission pendant plusieurs années. En 1992, Vincent G. reprit le flambeau et le passa à Jack T. en 1993. En 2002, au cours du rassemblement de Wiers organisé par le Nord, Jack monta avec l’aide du président, une «scandaleuse embuscade» au cours de laquelle il refila le bébé à Philippe C. et Didier M. A en juger par la qualité du journal, le choix des victimes s’est avéré on ne peut plus judicieux. Au cours des années, la réalisation du T.U. est passée de la dactylographie, ciseaux, colle et autres bidouilles, au traitement de texte, scanner, internet, etc… La maquette est certes un gros morceau, mais la tâche n’en est pas terminée pour autant. On passe alors à la phase «diffusion» qui comprend : le tirage, le triage, de quelques 3 000 photocopies, l’agrafage des cahiers, leur mise sous enveloppe, le collage des étiquettes d’adresses et des timbres et enfin le postage. Jusqu’alors on avait trouvé une photocopieuse en dépannage, mais ça ne pouvait durer. Il fut décidé à l’assemblée générale de 1992, qui se tenait en Bourgogne, d’acheter une photocopieuse d’occasion. C’est Maurice C. qui la prit en pension. Il faillit perdre les cheveux qui lui restaient, car son sous-sol n’étant pas parfaitement sec, par temps humide (heureusement rare en Bourgogne !!! ), le papier passait mal, et bonjour les bourrages. En 1994, on chercha donc des cieux plus cléments pour accueillir la bécane. C’est à Châtellerault chez Martine et Stéphane T. qu’elle élut domicile. En 1996, la photocopieuse reprenait la route, cette fois vers la Normandie plus précisément dans le sous-sol de Serge W. Les progrès techniques aidant et, malgré le peu de maîtrise de l’outil informatique du rédacteur, la qualité de la maquette s’améliorait mais le résultat final ne suivait pas. On se heurtait aux limites de la photocopieuse, qui, notamment ne reproduisait pas les nuances de gris et par ailleurs donnait des signes de fatigue. Cela, malgré les soins prodigués en première urgence par Serge en attendant l’arrivée de Pierre R., le spécialiste. Un coup de chapeau en passant à Pierre qui, pendant toutes ces années, quelque soit le lieu où se trouvait la machine, en assura la maintenance et le dépannage. Combien de km parcourus, de temps passé sur la route pour aller dépanner cette sacrée photocopieuse, ou même dans son sous-sol sur une machine de remplacement pour que le T.U. sorte dans les délais prévus. Il fallait se rendre à l’évidence : la bécane était usée. C’est alors que Serge W., après une étude de marché sur la place de Rouen, dénicha notre imprimeur. Non seulement nous passions à la qualité numérique, mais la tâche de Serge s’en trouvait allégée. Il continua néanmoins la mise sous enveloppe, le collage des étiquettes, le passage à la machine à affranchir, le tri par pays et départements avant d’aller porter le tout à la poste. Depuis peu, ceux qui le souhaitent peuvent le recevoir directement par Internet. Que de chemin parcouru.
Mais pourquoi vous ai-je raconté tout cela ? Parce que Jean-Pierre K. qui sera le grand ordonnateur (rien à voir avec l’informatique) du rassemblement des Vingt Ans, m’a dit : «Ça serait bien que tu fasses une rétrospective de l’amicale.»
J’ai accepté bien volontiers, pensant que ça ne me poserait pas de difficulté. Et bien je me suis trompé et je ne suis pas du tout sûr d’être parvenu au but recherché. On ne peut citer les intervenants qui ont oeuvré tout au long de ces années sans risquer d’en oublier, j’en suis parfaitement conscient et vous prie d’excuser mes lacunes. Les clubs motos ont pullulé à une certaine époque. On disait qu’il ne vivaient pas plus de cinq ans.
Nous avons largement dépassé cette échéance, peut-être parce que nous avons su surmonter les difficultés en les relativisant. Sachons garder cette sagesse pour que notre belle aventure dure encore longtemps.