Une visière qui se teinte automatique au soleil

Une technologie prometteuse, mais couteuse, qui n’a pas (encore) su s’imposer.

Lorsque l’on conduit et que l’on se retrouve avec le soleil face à soi, on peut toujours mettre une paire de lunettes de soleil ou abaisser le pare-soleil (en voiture ou si le casque en est pourvu) pour éviter l’éblouissement.

À moto, les lunettes de soleil ont longtemps été la seule option avant que les écrans solaires rabattables se généralisent à la grande majorité des casques routiers, intégraux, modulables et jets. Mais une autre technologie existe pour faire face à cette question de la luminosité : l’écran photochromique.

C’est quoi ?

La technologie photochromique a été développée dans les années 1960 par William H. Armistead et Stanley Donald Stookey pour Corning Glass Works. Il s’agissait à l’origine de verres correcteurs capables de se teinter automatiquement en fonction de l’exposition à certaines fréquences lumineuses, en particulier les rayons ultra-violets. Lorsque des UV touchent l’écran, celui-ci s’assombrit pour protéger l’oeil. À l’inverse, il redevient transparent en absence de lumière.

Dans les années 1980, des verres photochromiques conçus à partir de plastique thermodurcisseur et de thermoplastique ont commencé à être commercialisés par American Optical, puis par Transitions Optical au début des années 1990.

Sur ces verres spécifiques, les molécules intégrées à la conception connaissent un changement de forme lorsqu’elles sont exposées à la lumière directe du soleil, absorbant une partie de celle-ci.

À l’origine, les verres photochromiques ont été développés pour les lunettes de vues, permettant de disposer d’une paire de verres correcteurs en toute condition. Au fil du temps et surtout avec l’évolution de la technologie, cette dernière s’est ouverte à d’autres applications, comme sur les casques motos.

Limites de la technologie ?

Seulement voilà, l’effet photochromique n’est pas instantané et le changement de teinte prend plusieurs secondes. Si le teintage s’effectue assez rapidement, le retour à une visière claire se fait très progressivement et présente donc des limites, voire des risques, dans certaines situations, par exemple en rentrant dans un tunnel.

La technologie présente également des limites en raison de sa dépendance à la température. Le changement d’état passant par un processus thermique, les performances sont altérées en fonction des conditions climatiques. La teinte se montre moins sombre lorsque les températures sont élevées. À l’inverse, quand le mercure est au plus bas, la teinte est plus sombre et le retour à la transparence est allongé. Enfin, il convient également de protéger les écrans de l’exposition directe à la lumière du soleil. Lors d’une exposition prolongée, par exemple lorsque le casque est entreposé, les rayons UV peuvent endommager la visière et lui faire perdre ses qualités de filtration.

Les fabricants d’écrans photochromiques moto.

Pour ces raisons, les écrans photochromiques n’ont été adaptés aux casques motos qu’au début des années 2010, notamment par le biais de Transitions Optical à l’origine d’écran pour diverses marques.

On a ainsi pu voir Scorpion avec son écran Shadeshifter, Lazer avec le Lumino ou encore Bell avec le Protint ouvrir le marché en proposant ce type d’écran pour certains de leurs casques respectifs. Dans un second temps, des marques tierces ont commencé à développer des solutions plus génériques. Ce fut le cas de Shetters qui proposait des lentilles photochromatiques à fixer sur l’écran (comme un antibuée) puis avec Pinlock et son ProtecTINT.

Shaddows, un fabricant français spécialisé dans les visières photochromiques pour casques moto, a apporté une solution alternative avec un système électro-photochromatique et une matrice à cristaux liquides. Le système permet de pallier les défauts de la technologie traditionnelle en réduisant les temps de transition.

Enfin, si les écrans photochromique ne se sont pas imposés comme LA solution de protection solaire pour les motards, à l’inverse des écrans anti-UV escamotables, c’est aussi pour leur tarif élevé. De manière générale, un écran photochromique se négocie aux alentours des 200 euros, voire 250 euros pour la technologie Shaddows. A titre de comparaison, un écran solaire de remplacement est vendu entre 30 et 40 euros au détail.

Sources : Article du site le repaire des motards.com du 08.03.2023 par Alexis Ferrant

Ladislas n° 1555